DES MOTS POUR NE PAS LE DIRE

Publié le par vendovria

Dans le journal L’Est Républicain du 23 octobre 2006, un article intitulé « Ma ville demain : bilan positif » relate « l’animation en trois dimensions de la Vandoeuvre future ». On y lit notamment : « Ce plan permet d’ailleurs de remarquer avec netteté à quel point un échangeur du côté de Villers-Clairlieu aurait dû depuis longtemps être réalisé pour soulager le secteur dangereux et totalement engorgé de l’A33 à hauteur de la sortie CHU-Brabois » et le journaliste rapporte les propos de Madame le Maire « C’est aussi une bonne base de travail pour la suite des projets de Vandoeuvre au futur ».

 

En 1994, l’association demandait aux décideurs de réaliser un nouvel accès à l’autoroute : sans animation 3D, avec peu de photos aériennes, on pouvait déjà deviner ce que serait la situation dix ans plus tard, puisque la circulation posait déjà problème. Lors de toutes les procédures de concertation concernant l’aménagement de la ZAC de Brabois, l’association souligne régulièrement, avec force, l’absence de la moindre offre de déplacement pour répondre à l’urbanisation du plateau. Lors de la dernière enquête concernant le Plan de Déplacement Urbain, les mêmes remarques ont été faites (voir le texte intégral sur le blog).

 

Parfois, les décideurs sont obligés de prêter une oreille (jamais deux), pressés par les conclusions d’un commissaire enquêteur conscient que nos réactions sont pertinentes et argumentées. Ainsi, lors d’une enquête sur la modification du Coefficient d’Occupation des Sols (COS) du CHU, qui devait passer de 0,6 à 1, obligation a été faite aux décideurs de limiter le COS à 0,7. Voici le texte d’une délibération à la CUGN  :

 

« Le projet de PAZ modifié a été soumis à enquête publique du 29 octobre 2003 au 1er décembre 2003 inclus.

 

Seul un courrier de l'association VENDOVRIA a été annexé au registre d'enquête. L'association souligne le manque de lisibilité des procédures engagées et les problèmes de circulation et de stationnement que connaît le secteur. Sur ce point, les travaux de restructuration du CHU seront accompagnés d'une complète réorganisation des accès au site et du stationnement, qui aboutira à la création de plus de 400 places de stationnement supplémentaires. A cet effet, le conseil de communauté a délibéré les 8 octobre 1999 et 10 octobre 2003 pour valider les modalités de réalisation des ouvrages en superstructure. Par ailleurs, des modifications ont été apportées à la gestion du carrefour avenue de Bourgogne / avenue de la Forêt de Haye afin d'en optimiser le fonctionnement et de soulager les problèmes de saturation aux heures de pointe.

 

Concernant la lisibilité des procédures, c'est bien le plan local d'urbanisme de Vandoeuvre qui permettra d'appréhender dans une vision globale et cohérente les évolutions du secteur.

 

Considérant néanmoins que les impacts d'une forte densification du site du CHU ne sont pas suffisamment pris en compte dans le cadre de la présente procédure, le commissaire enquêteur a émis un avis favorable au dossier sous la réserve expresse de limiter le C.O.S du secteur UCb à 0,7.

 

Dans la mesure où un C.O.S. de 0,7 ne remet pas en cause les projets à court et moyen terme du centre hospitalier universitaire, et où la révision générale du plan d'occupation des sols de Vandoeuvre permettra d'apporter une réponse globale aux besoins du C.H.U., il est proposé de retenir un C.O.S. de 0,7.

 

Il est donc proposé d'approuver le dossier modifié du P.A.Z. de la Z.A .C. de Brabois, tenant compte de la réserve ci-dessus mentionnée. »

 

Dressons le bilan de cette prise en compte de nos remarques : quel constat faire aujourd’hui, alors que le problème est connu depuis 20 ans ?

 

« Par ailleurs, des modifications ont été apportées à la gestion du carrefour avenue de Bourgogne / avenue de la Forêt de Haye afin d'en optimiser le fonctionnement et de soulager les problèmes de saturation aux heures de pointe. » Tout le monde peut mesurer, tous les jours, du lundi au vendredi, ce qu’il en est du soulagement des problèmes de saturation aux heures de pointe, alors qu’un bouchon commence à la hauteur de la bretelle de Saint Nicolas de Port pour le trafic autoroutier, alors que les alentours du rond-point du CHU sont saturés matin, midi et soir. Tout le monde le reconnaîtra, sauf les décideurs !

 

« Considérant néanmoins que les impacts d'une forte densification du site du CHU ne sont pas suffisamment pris en compte dans le cadre de la présente procédure, le commissaire enquêteur a émis un avis favorable au dossier sous la réserve expresse de limiter le C.O.S du secteur UCb à 0,7. » Tout le monde sait ce qu’est une « réserve expresse » et son caractère impératif. Tout le monde, sauf les décideurs ! Car voici les changements prévus dans le futur Plan Local d’Urbanisme : « Le maintient de coefficient d’occupation des sols (COS) ne présente pas d’intérêt pour régler la forme urbaine souhaitée. En conséquence, les COS ont été supprimés dans le périmètre de la ZAC du plateau de Brabois ». Qu’en termes élégants ces choses là sont dites !

 

 

Lors de l’enquête sur le Plan de Déplacement Urbain (PDU), nos remarques rejoignaient celles des services de l’état lorsqu’elles portaient sur les déplacements générés par l’importante urbanisation du plateau de Brabois et l’absence de réponse. Le Préfet n’a pas eu plus de chance que nous, puisque ces remarques ont été à peine évoquées dans le rapport d’enquête. Nous allions plus loin que les services de l’état lorsque nous soulignions l’importante pollution sur le secteur et l’indigence des transports en commun : pas un mot dans le rapport d’enquête qui, par ailleurs, comporte de graves erreurs.

 

Alors que la surface projetée pour le CHU est de 111000 m², alors que 36 hectares seront dédiés à l’urbanisation sur Villers, le rapport d’enquête soulignait : « Il est particulièrement important que les problèmes de voirie [sur l'ouest de l'agglomération, compte tenu de la saturation de l'A33 et sur le nord, l'absence de bouclage est-ouest à hauteur de Malzéville], soient étudiés sérieusement pour être intégrés aux réflexions concernant l'élaboration des P.L.U. qui doivent se substituer aux P.O.S. Il s'agit essentiellement de préserver l'avenir ». La réponse de la CUGN est tout à fait inappropriée : « A l'ouest, cette problématique est en cours d'étude notamment dans le cadre du schéma de voirie de l'ouest de l'agglomération. » et cette non-prise en compte de ce qui est davantage qu’une recommandation mériterait que soit prononcée par le Préfet l’inaction des décideurs. Car la situation est archi connue. Car les remarques des services de l’état sont nettes et sans appel :

 

« Le maintien des fonctions de transit sur les axes autoroutiers dans le contournement de l’agglomération

 

Conformément aux dispositions du décret du 5 décembre 2005 relatif à la consistance du réseau routier national, les voies autoroutières A31 et A33 sont des itinéraires appartenant au réseau routier national. En conséquences leur fonction principale reste l’écoulement du trafic de transit interrégional, national et international dans de bonnes conditions de fluidité et de sécurité, tant qu »A32 et le barreau sud de Nancy ne seront pas réalisés. Cette position a été rappelée lors du PDU approuvé en 2000, ainsi que dans le PAC transmis lors de l’élaboration du présent projet.

 

Le maintien des fonctions de transit des voies autoroutières peut être hypothéqué par l’importance des projets de développement urbain qui se situent à proximité immédiate de ces axes, tels l’extension du site de Brabois, la rénovation urbaine du plateau de Haye, les projets de développement de la Sapinière et du bois des Fourasses, dont l’impact sur le trafic et les besoins en terme de capacité des voies urbaines de dessertes ne sont pas évoqués. Ces projets devront faire préalablement l’objet d’études de dessertes détaillées. La programmation de voiries urbaines, facilitant également la desserte de ces opérations par les modes alternatifs à l’automobile, devra être envisagée si elle s’avère nécessaire. A ce propos, je constate que les projets de voirie « Brabois-Nord » et « VLI » dont les emprises avaient été réservées et qui étaient précisément destinés à structurer le développement des secteur ouest et sud de l’agglomération ne sont pas repris.

 

Le réseau de voirie d’agglomération

 

Je compléterai les observations précédentes par une remarque plus générale. Je comprends l’intention qui consiste à ne pas anticiper la création de voiries afin de ne pas favoriser l’usage de l’automobile. Je rappelle toutefois que le PDU est un exercice de planification globale. Les projets de développement urbain de la CUGN sont nombreux, souvent importants et localisés à proximité des axes jouant un rôle structurant. L’ensemble de leurs besoins en matière de desserte ne peut être considéré uniquement comme une succession d’impacts ponctuels et localisés en faisant l’économie d’une réflexion globale sur le système de voirie de l’agglomération. Par ailleurs la création de voiries de liaison avec les espaces voisins doit, si besoin, être anticipée pour préserver les emprises nécessaires.

 

Enfin, il me semble important de rappeler ici que les voiries nouvelles, quelle que soit leur fonction dans la hiérarchie du réseau, outre qu’elles ré-interrogent les fonctions des itinéraires existants et entraînent leur réaménagement, doivent être conçues en intégrant les différents modes. »

 

Le Préfet pourra toujours manger son chapeau en donnant son accord aux différents PLU et au PDU qui, nous n’en doutons pas, seront approuvé sans réserves par les décideurs !

 

 

Nul doute que les nouveaux outils de modélisation 3D vont aider les décideurs à y voir clair, alors qu’un bon collyre y suffirait. Nul doute qu’ils vont les aider à prendre de la hauteur dans leurs projets.

 

 

Une attention particulière à l’acteur essentiel pour tous ces projets, qui siège en tant que Président dans tous les organismes (CUGN, Solorem, ADUAN, CHU) pour devoir décider efficacement : André Rossinot, dont nous citons un extrait de l’interview parue dans le numéro d’octobre 2006 (N° 164) de AMC (Le Moniteur Architecture).

 

 

Quelle vision avez-vous de l'architecture de votre ville?

 

Avant tout, je me passionne pour tout ce qui est l'espace public, de mur à mur. C'est aussi tout le bâti. C'est un reflet extraordinaire de la société. Je me préoccupe du partage de l'espace public, de la cohérence des déplacements, des matériaux, de la sécurité publique, de l'animation dans ses divers aspects, c'est-à-dire commerciale ou temporaire.

 

Les agences d'urbanisme ont un rôle essentiel à jouer de conseil, de gestion, d'orientation. J'ai formé au sein de la communauté urbaine, un groupe spécifique consacré à l'espace public. Pour offrir des aménités urbaines, il faut une observation de l'espace public fondée sur l'écoute, la mutualisation, les transferts, le retour sur dialogue. Il faut capitaliser, il s'agit des actes de la vie et non seulement d'actes techniques.

 

Il ne faut jamais oublier l'histoire et …

 

 

Tout ceci se passe de commentaire… Aménités urbaines ?

 

 

Et pour en rire :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9nit%C3%A9#D.C3.A9finitions_

 

Publié dans Urbanisme

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